Le chiffre sur le recrutement mobile a doublé en un an : la France compte désormais plus de 13 millions d’utilisateurs de smartphones*. Un véritable raz de marée faisant de 2011 l’année de l’Internet mobile (Médiamétrie). Alors que les solutions mobiles dédiées au recrutement se multiplient, Aktor fait le point sur un phénomène qui s’impose peu à peu comme une véritable tendance de fond.
Le recrutement mobile peut prendre plusieurs formes :
1.1. Un marché en plein expansion
CareerBuilder, RegionsJob, Apec, Cadremploi, Stepstone, Monster, Keljob… En six mois, tous les grands jobboards ont lancé leur application i-Phone. Les fonctionnalités qu’elles proposent continuent de se multiplier (géolocalisation d’un lieu de travail, édition de CV…), et l’on voit rapidement se développer les applications pour Android. Regionsjob, Cadremploi et Stepstone n’ont pas attendu pour lancer la leur ; nul doute que d’autres suivront !
Il est trop tôt pour avoir des retours sur ces récentes applications, mais les premiers chiffres sont prometteurs : l’application iPhone de Monster enregistre déjà près de 460 000 téléchargements dans le monde (dont près de 58 000 en France). « Les débuts sont plus qu’encourageant » souligne François Dufresne, directeur marketing de Cadremploi et Keljob, « 10 % du total des offres vues sur les marques Cadremploi et Keljob le sont sur le mobile».
1.2. Des chercheurs d’emploi de plus en plus mobiles
Le développement des appli emploi s’inscrit dans l’essor d’un marché en plein boom, dont les revenus devraient doubler cette année pour atteindre 15 milliards de dollars ! Le nombre d’applications téléchargées bat lui aussi tous les records : 8,2 milliards en 2010, et 17,7 milliards en 2011, selon les prévision du bureau d’études Gartner.
Un nouveau mode de consommation, « nomade », voit le jour. Cet engouement généralisé pour les mini-programmes informatiques permet à l’e-recrutement de se démocratiser. Car se déployer sur les smartphones, c’est se donner la possibilité de toucher de nouveaux profils. Prenons l’exemple des commerciaux : s’ils passent la majeur partie de leur journée sur la route, ils ont toujours leur téléphone en poche ! Plus largement, ce sont tous les non-cadres que le recrutement mobile va permettre d’atteindre. Laurent Pilliet, fondateur de twimmo.com explique : «Jusqu’à présent, pour le recrutement d’un non cadre (serveur, fleuriste…) le réflexe était l’utilisation de l’annonce gratuite. Celle-ci disparaissant, qui va prendre le relai ? Deux alternatives se dessinent. D’un côté, les sites de petites annonces gratuites, de l’autre, de nouveaux acteurs présents sur le mobile. Tous les acteurs du recrutement regardent cette bataille de très près car le volume de recrutement potentiel est colossal!».
2.1 Des fonctionnalités qui se développent
Pêle-mêle, voici un aperçu des fonctionnalités proposées par les applications que développent les sites emploi :
2.2. Chercher un emploi ? Oui. Postuler ? Non.
Un sondage réalisé par Stepstone auprès de 6 500 chercheurs d’emploi européens apporte un éclairage intéressant sur l’usage qui est fait de ces applications : lorsqu’ils trouvent une offre intéressante, 81 % des sondés préfèrent se l’envoyer par mail pour postuler plus tard depuis leur ordinateur, sans précipitation. Valérie Valérie Vaillant, directeur général de StepStone France, explique : « Les candidats préfèrent passer du temps à préparer une bonne candidature sur leur ordinateur plutôt que de répondre trop vite à une offre sur leur smartphone ». Une affirmation que ne partage pas François Dufresne : «C’est cette fonctionnalité, qui n’était pas présente dans la V1 de l’application Cadremploi, qui nous a été le plus demandée lorsque nous avons fait des études pour analyser les usages ! »
En attendant que les mobilnautes se familiarisent avec les fonctionnalités proposées par les applications, il est intéressant de noter que les Français sont plus favorables que leurs voisins européens à l’idée de postuler depuis leur téléphone : 36 % des répondants saisiraient immédiatement l’opportunité de répondre à une annonce depuis leur smartphone, contre 10% en Autriche et en Allemagne. Voir les résultats par pays
StepStone France prépare une seconde étude afin d’approfondir le sujet. Objectif : identifier les principaux freins à la candidature via smartphone.
Les sites emploi n’ont pas hésité à se lancer dans la course aux applications pour répondre aux attentes de leurs utilisateurs. Mais qu’en est il côté recruteur? Quels rapports entretiennent les entreprises avec le recrutement mobile?
Le développement des applications destinées aux chercheurs d’emploi reste une pratique isolée parmi les entreprises. En mars 2011, Orange a lancé Orange Jobs, une application permettant au candidat de recevoir des actualités recrutement et carrières, de consulter les offres proposées par le Groupe, de créer ses alertes, d’enregistrer ses recherches, de partager une offre avec ses amis sur Facebook, etc. Plus récemment encore, la SSII française « Open » a annoncé la création de l’application OpenCarrières, aux fonctionnalités similaires. Ces récentes initiatives méritent d’être soulignées, mais elles restent l’apanage de quelques rares grandes entreprises.
Car ne nous leurrons pas : une PME n’a pas vocation à créer sa propre application mobile. « Créer son application est intéressant lorsqu’on a un fort volume d’offres, une notoriété importante ou encore lorsqu’on souhaite toucher un public de spécialistes », appuie Dan Guez, co-fondateur d’AppJob, application mobile clé en main dédiée au recrutement.
D’ailleurs, les coûts de développement constituent un coût bien trop élevés pour que les petites structures s’y risquent : les prix des solutions proposées sur le marché peuvent aller de 2 000 à 40 000 euros.
Cependant, rien ne vous empêche de bien vous positionner sur le web mobile en travaillant sur l’accessibilité de votre site Internet. Le développement d’un site mobile reste très abordable en terme de tarif. Pour tester leur stratégie de présence auprès des mobilnautes, beaucoup d’entreprises choisissent d’éditer un site en souscrivant un abonnement mensuel (attention cependant, l’engagement minimum est souvent de 12 mois), renouvelable chaque année.
Pour finir, intéressons-nous aux applications développées pour les recruteurs. Fin 2009, Recrutae lançait une application en complément de son logiciel BuroRH, suivi de près par RssJobs. Depuis, les applications à destination des professionnels RH se développent sur mini-écran, services complémentaires des solutions existantes.
« Les RH sont un domaine où il y a énormément d’infos à gérer, ce qui n’est pas confortable sur un petit écran », observe Frédéric Lapras, président d’R-Flex. « Toutefois, il peut-être intéressant de faire descendre ponctuellement certaines infos sur les smartphones ».
Si l’utilisation du smartphone ne révolutionne pas les pratiques côté recruteur, de nouveaux usages se profilent alors que les tablettes tactiles gagnent du terrain… affaire à suivre !