En mars de l’année 2022, France Stratégie et la Dares ont effectué une analyse des dynamiques et des obstacles relatifs au recrutement pour les prochaines décennies en France. Dans leur nouveau rapport, ces institutions ont élaboré une vision régionale des professions qui vont embaucher d’ici 2030. Les résultats démontrent que les régions du Nord et de l’Est devraient faire face à moins de difficultés pour recruter. À l’inverse, d’autres régions allant de la façade atlantique jusqu’au bassin méditerranéen, qui possèdent des caractéristiques économiques et démographiques particulières, seraient davantage affectées par un déficit potentiel de main-d’œuvre. En ce qui concerne les métiers, les agents d’entretien, aides à domicile et conducteurs de véhicules devraient rencontrer des problèmes de recrutement dans toutes les régions. Toutefois, d’autres professions telles que les maraîchers, viticulteurs et jardiniers, les agriculteurs et éleveurs, les ingénieurs et cadres techniques de l’industrie ainsi que les ingénieurs en informatique connaîtraient également des obstacles pour recruter.
Au niveau national, 5 % des besoins en recrutement ne seraient pas comblés spontanément par les jeunes entrant sur le marché du travail d’ici 2030. Toutefois, ces besoins divergent selon les régions en raison de disparités régionales en matière de dynamisme et d’attractivité pour les jeunes et les travailleurs venant d’autres régions. Les départs à la retraite continuent de maintenir les besoins de recrutement, indépendamment de la région, avec des taux de départ assez uniformes allant de 26 % à 31 % de l’emploi régional. Les besoins de recrutement sont également alimentés par les créations d’emplois, qui varient selon les régions.
A l’Ouest, au Sud-Est et dans la Vallée du Rhône, il y a un déficit de main-d’œuvre contrairement à l’Est et au Nord.
Les régions de l’Ouest et du Sud sont dynamiques en termes d’emploi, avec une variation de 4 % à 8 % de création de postes dans la décennie à venir, et sont attractives pour les professionnels venant d’autres régions géographiques. Cependant, moins de jeunes débutent leur carrière dans ces régions par rapport à la moyenne nationale, ce qui pourrait augmenter les tensions sur les recrutements. Entre 6 % et 9 % des postes à pourvoir d’ici 2030 ne seraient pas pourvus par les nouveaux travailleurs résidents et les jeunes débutants dans le sud-ouest et en Auvergne-Rhône-Alpes. En revanche, les régions intérieures moins densément peuplées, ainsi que le Grand Est et les Hauts-de-France, ont des déséquilibres moins marqués en raison de créations d’emplois plus faibles que la moyenne nationale. Enfin, l’Île-de-France se distingue par une très forte attractivité pour les jeunes, mais également par un grand nombre de départs de ses actifs en emploi vers les régions atlantiques et méditerranéennes.
En revanche, les régions intérieures moins densément peuplées, ainsi que le Grand Est et les Hauts-de-France, ont des déséquilibres moins marqués en raison de créations d’emplois plus faibles que la moyenne nationale. Enfin, l’Île-de-France se distingue par une très forte attractivité pour les jeunes, mais aussi par des départs nombreux de ses actifs en emploi vers les régions atlantiques et méditerranéennes.
Besoins de recrutement : des disparités régionales selon les métiers
Les métiers de l’aide à domicile, de conducteurs de véhicules et d’agents d’entretien sont parmi ceux pour lesquels le déficit potentiel de main-d’œuvre serait élevé dans toutes les régions. Ces déséquilibres élevés sont dus surtout aux nombreux départs à la retraite et à la faible attractivité de ces métiers pour les jeunes débutants. Néanmoins, une aggravation des tensions serait plus marquée dans les territoires du Sud et de l’Ouest, dont le marché du travail est déjà très tendu. En revanche, pour les ingénieurs et cadres techniques de l’industrie ainsi que les ingénieurs en informatique, l’écart anticipé entre les besoins de recrutement et les ressources en main-d’œuvre ne serait pas de la même ampleur d’une région à l’autre.
D’autres métiers présentent une forte hétérogénéité liée à des spécificités régionales. C’est notamment le cas des maraîchers, viticulteurs et jardiniers, pour lesquels les déséquilibres seraient élevés (entre 12 % et 17 % de l’emploi) dans les deux premières régions agricoles de France, la Nouvelle-Aquitaine et la Bretagne, ainsi que dans les régions viticoles de Bourgogne-Franche-Comté et du Grand Est.
Cette déclinaison régionale des métiers en 2030 doit permettre en fin de compte de mieux accompagner les décideurs régionaux et nationaux dans leurs politiques d’emploi, d’orientation ou d’enseignement. En repérant les potentiels déficits de main-d’œuvre, elle invite également à mener les actions nécessaires en amont pour éviter que des pénuries ne viennent handicaper la croissance.
Source : strategie.gouv.fr