Alors que les réseaux sociaux se dotent tous les jours de nouvelles applications à destination des recruteurs et commencent à nouer des partenariats avec les éditeurs , il est temps de faire le point sur la place qui leur revient en matière de recrutement. Plus qu’un effet de mode, ils constituent en effet une opportunité à saisir pour toutes les entreprises qui souhaitent diversifier leurs outils de sourcing et affiner leurs campagnes de recrutement.
LA REVOLUTION DU MONDE RH
Il y a dix ans, l’arrivée des jobboards révolutionnait la sphère RH en permettant aux entreprises de diffuser des annonces en temps réel auprès d’un public beaucoup plus large, de gérer électroniquement les candidatures et d’accéder aux fameuses CVthèques.
En 2007, le déploiement des réseaux sociaux a marqué un second tournant dans le monde du recrutement en rendant le marché de l’emploi plus transparent et plus accessible, des deux côtés. Les entreprises doivent désormais prendre position de manière claire vis-à-vis de leurs publics. Côté candidats, impossible de biaiser : le Web constitue une véritable mine d’informations pour les recruteurs qui souhaitent se renseigner ou vérifier les références d’un candidat et qui se donnent la peine d’interroger Google. Un nouveau rapport entre les deux parties, plus équilibré et moins formel, a vu le jour.
S’ils ne remplacent pas les CVthèques, les réseaux sociaux ont élargi le terrain de chasse des recruteurs. Il n’a jamais été aussi facile pour les entreprises d’identifier les candidats qui correspondent à leurs attentes et d’aller les chercher là où ils se trouvent au lieu d’attendre qu’ils se manifestent. Sur Viadéo par exemple, les professionnels peuvent identifier les profils qui les intéressent grâce à une recherche par mot clés ; un back-office complet leur permet ensuite de publier leurs annonces auprès de profils sélectionnés: une stratégie push efficace !
L’UTILISATION DES RESEAUX SOCIAUX EN MATIERE DE RECRUTEMENT
1/ Les candidats et les réseaux sociaux
> Notoriété
92 % des candidats connaissent Facebook, 71 % Viadeo, 66 % Twitter, 53 % LinkedIn… l’étude Emplois et réseaux sociaux réalisée par Regionsjob en juin 2010 souligne la forte notoriété des réseaux sociaux auprès des sondés.
> Utilisation
36 % des candidats se connectent sur les réseaux sociaux pour chercher un emploi. Un score encourageant qui propulse ces derniers à la hauteur ou presque des cabinets de recrutement (42 %) et illustre leur succès croissant. Les sites emploi, utilisés par 97% des candidats, demeurent premiers sur le podium, directement suivis par les candidatures spontanées (71 %) et Pôle Emploi (66%).
> Degré d’importance dans le processus de recherche d’emploi
Une importante distinction est à établir entre réseaux sociaux professionnels (RSP) et réseaux sociaux généralistes. Car si 34 % des candidats interrogés estiment que Viadeo joue un rôle important dans leur recherche d’emploi (contre 26 % pour Linkedin), seul 7 % d’entre eux plébiscitent Facebook. Quant à Twitter, il ne recueille que 9 % d’opinions favorables.
2/ Les entreprises et les réseaux sociaux
> Utilisation
En matière de recrutement, les jobboards sont les outils les plus largement utilisés par les entreprises (88%), devant les candidatures spontanées (80 %), Pôle Emploi et les sites RH (61 %). Les réseaux sociaux atteignent le score non négligeable de 47 %. (Là encore, les RSP sortent gagnants : Viadeo et LinkedIn sont utilisés par 53 % et 28% des sondés, contre 12% pour Twitter et 6% pour Facebook).
> Degré d’importance dans le processus de recrutement
Mais lorsqu’on s’intéresse au degré d’importance qui leur est accordé, les chiffres s’effondrent : 77% des recruteurs estiment que les jobboards jouent un rôle prépondérant dans la recherche d’un candidat, 19% seulement sont du même avis concernant les réseaux sociaux.
De fait, beaucoup de recruteurs ont pris conscience de l’opportunité que pouvaient représenter ces nouveaux outils de sourcing mais ne sont pas encore prêts à les intégrer véritablement à leur stratégie RH. A l’aise avec les sites emplois, ils s’interrogent sur la valeur ajoutée d’un recrutement 2.0. Un questionnement légitime, auquel s’ajoutent bon nombre de freins : manque de connaissances et d’expérience, peur de perdre le contrôle ou de gaspiller du temps, etc.
Il faudra encore du temps aux réseaux sociaux pour convaincre l’ensemble de la communauté RH. Mais s’ils n’ont pas encore bouleversé les usages, ils n’en constituent pas moins un excellent moyen d’attirer de nouveaux candidats ou de débaucher un salarié.
Laissons de côté les réseaux généralistes – encore trop « pollués » pour qu’on puisse y recruter efficacement pour nous intéresser aux RSP, à vocation strictement professionnelle.
LES RSP EN MATIERE DE SOURCING
1/ Quel réseau choisir ?
Avec plus de 85 millions de membres, LinkedIn demeure le leader mondial incontesté du marché.Viadéo, n°1 en France, compte 35 millions de professionnels.
La taille de son réseau est nettement inférieure à celle de son concurrent mais son utilisation demeure indispensable pour un recrutement national. LinkedIn et Viadéo proposent globalement les mêmes fonctionnalitéset constituent les deux outils de sourcing à privilégier.
Quant à Xing, il ne présente de réelle utilité que lors du recrutement de profils germanophones.
2/ Les rsp, de puissants leviers de recrutement
Peu adaptés au sourcing de masse, les RSP constituent un excellent moyen de trouver des profils très spécifiques (difficiles à dénicher via les filières de recrutement traditionnelles) et permettent de toucher des candidats potentiels déjà en poste, inatteignables via un jobboard.
La manne d’informations qu’ils représentent permet d’apprécier la qualité du candidat. La structure de son réseau, les hubs qu’il fréquente, ses activité en ligne et ses références aide le recruteur à cerner avec précision le profil du chercheur d’emploi et à évaluer sa capacité à exercer telle ou telle mission. Attention toutefois car la frontière entre données professionnelles et personnelles est mince, et les réseaux sociaux ne doivent pas devenir un outil d’enquête sur la vie privée des utilisateurs.
Enfin, l’utilisation des RSP permet à l’entreprise de développer son image employeur et de faire valoir sa politique RH auprès des candidats tout en augmentant de manière considérable sa visibilité sur Internet, à des coûts réduits. Les recruteurs doivent veiller à adopter un ton adapté, ni trop commercial, ni trop formel.
RECRUTER GRACE AUX RSP : LES BONNES PRATIQUES
Les RSP ne sont pas des jobboards. Votre objectif étant d’y trouver les meilleurs candidats, vous ne devez pas vous contenter d’y poster des offres d’emploi mais utiliser votre réseau pour entrer en contact avec les profils qui vous intéressent. Il est nécessaire d’avoir une démarche active de recherche et de prise de contact.
N’oubliez pas que ce qui fait la force des RSP, c’est la cooptation.
Vos salariés seront vos premiers ambassadeurs. Créez de fortes relations avec eux et avec l’ensemble de vos contacts directs : échangez, interagissez, apportez du contenu, répondez aux questions qui se posent…. C’est ainsi que vous parviendrez à créer une communauté stable et qui relaiera vos enjeux : « Bonjour Pierre, cette offre peut vous intéresser. N’hésitez pas à la relayer à votre réseau ». Les bénéfices que vous tirerez de votre présence sur les RSP dépendront de la densité et de la qualité de vos contributions.
Consacrez-y du temps. Le classique ROI (retour sur Investissement) ne permet pas de mesurer l’efficacité d’un réseau social et les résultats que vous obtiendrez dépendront uniquement de votre engagement sur la toile : à vous de jouer ! Si, faute de moyens, vous ne pouvez pas vous y investir suffisamment, faites appel à une agence spécialisée.
Pour peu qu’on s’y déploie avec méthode et investissement, les RSP constituent d’excellents outils de sourcing, complémentaires des canaux de recrutement traditionnels. S’ils ne remplacent pas un jobboard ou un site RH, la place croissante qu’ils occupent sur le marché du e-recrutement et les nombreux avantages qu’ils offrent doivent faire réagir les entreprises encore trop frileuses : il est temps d’y aller !